Ciné-débat à Clamart : "Rien de Personnel" le 5 novembre 20h30

, par attac92clamart




Le groupe Clamart de ATTAC 92 organise un ciné-débat le jeudi 5 novembre 2009 à 20h30, avec le Cinéma Jeanne Moreau de Clamart, sur la souffrance au travail à partir du film "rien de personnel" de Mathias Gokalp, débat avec Mathias Gokalp (réalisateur du film) et (sous réserve) Nadine Lamar (scénariste)

 

 

Le film :

SYNOPSIS : La société pharmaceutique Muller organise une grande réception à l’occasion du lancement de leur nouveau produit top secret. Au cours de la soirée, les participants sont invités à jouer à un jeu de rôle, qui s’avère être en réalité un exercice de coaching pour les cadres de l’entreprise. Progressivement, les rumeurs sur le rachat prochain de la société vont bon train et chacun se retrouve à tenter de sauver sa place.

Mécaniques de l’oppression

Rien de personnel est un premier film rare, tout simplement parce qu’il est un premier film clair, tranché. Dans une belle et vieille tradition qui remonte à Alain Resnais. Mathias Gokalp procède à une opération devenue de moins en moins courante dans un monde saturé par le flot d’images de youtube. Il choisit un sujet, délimite une approche et construit, avec précision, un récit à la mise en scène posée et construite, sans graisse ou errements, où chaque plan, chaque personnage et chaque pièce du récit s’emboîtent parfaitement dans la mécanique générale du film. Une mécanique qui ne tourne en aucun cas à vide, puisque l’ambitieuse trame de Rien de personnel réanime la lutte des classes, les démons de l’entreprise, ceux du capitalisme, pour les ramener jusqu’à la violence quotidienne de la société contemporaine. Une dureté à laquelle personne n’échappe, y compris ceux qui apparaissent parfois comme les bourreaux et se révèlent des pions vulnérables et impuissants. L’intrigue respecte unité de temps et d’action, puisqu’elle se concentre sur une unique soirée d’entreprise, aux apparences trompeuses. Fausses victimes, vrais exploiteurs et humanistes impuissants s’y croisent sans vraiment se reconnaître, le cinéaste se plaçant, à la suite, dans les pas de chacun de ces personnages, qui vivent le même événement de façon radicalement différente. Les visions se suivent donc, se complètent, et font émerger lentement les vrais enjeux de la soirée. Gokalp se livre ainsi à une sorte de portrait chinois du microcosme décrit, dont le film fait finalement surgir une image plus nette, plus précise, plus crue également. Loin de tout pathos creux, le cinéaste met à nu les composantes d’une entreprise moderne pour poser la vraie question : comment cela marche ? Comment ce système actuel, dont les conséquences apparaissent actuellement évidente, broie-t-il les êtres, les volontés, ou même parfois les bonnes intentions ? La charge de Rien de personnel n’est pourtant pas une attaque au vitriol. Elle s’apparente plutôt, ce qui est sans doute plus terrible, à un constat noir, lucide, d’un univers où chacun croit avoir une place avant de la perdre subitement, où l’on blesse et humilie l’autre sans le vouloir, par simple réflexe de survie. Gokalp manie toutes ces notions et réussit l’exploit de ne pas tomber dans une noirceur ou un pessimisme complaisant. Il y ajoute une étonnante dimension proustienne, par un patron lyrique, et livre un récit à la virtuosité assumée mais chargée de sens, d’envie de cinéma, de volonté d’affronter, de plain pied et à hauteur d’homme, ce monde moderne qui nous semble aujourd’hui parfois si effrayant.

Pierre-Simon Gutman

http://www.evene.fr/cinema/films/rien-de-personnel-24117.php

Dans l’espace confiné d’une société pharmaceutique, une réception anodine se transforme en véritable jeu de massacre. Resserrant son intrigue dans l’espace et le temps, ce premier film s’avère d’une rigueur rare dans ses choix de mise en scène et d’une dureté exemplaire. En relatant ce court moment de rencontres, de discussions et de tensions autour d’un verre, cette oeuvre révèle toutes les hypocrisies du monde de l’entreprise. Malgré son caractère social et un écho à la crise actuelle, avec la séquestration d’un patron et des rumeurs de rachat, le film exprime d’abord une envie de cinéma. Il emploie d’une part les codes propres au thriller - le suspense que suscite l’éventualité de licenciements instaure un climat de suspicion remarquable ; d’autre part, le montage éclaté épousant le point de vue des différents protagonistes permet de rompre la linéarité du récit. Employée par Stanley Kubrick dans ’L’Ultime razzia’ ou encore plus largement dans la quasi-totalité de la filmographie d’Alain Resnais, cette forme narrative change le monde de l’entreprise en une gigantesque partie d’échecs où chacun avance ses pions en fonction de ses partenaires. Un film remarquable servi par une interprétation au diapason de Pascal Greggory, Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès et Mélanie Doutey.

 

 

la bande-annonce :

 

 

 

 

 

 

 

Plus d’infos sur ce film

 

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